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Le correspondant permanent de WalFadjri à Genève, El Hadji Gorgui Wade Ndoye, est nommé par ses confrères francophones Observateur pour l’utilisation du français dans les organisations internationales. Ce journaliste au siège des Nations unies revient dans cet entretien, accordé au magazine Un Spécial, sur sa carrière au sein de l’organisation onusienne.

WalFadjri : Vous venez d’être nommé Observateur pour l’utilisation du français dans les organisations internationales, quel est votre sentiment sur la manière d’accomplir ce nouveau mandat ?

El Hadji Gorgui Wade NDOYE : Les collègues francophones m’ont fait cet honneur, car ils ont compris que j’étais un homme de principes. Je souhaite que l’on recrée l’équilibre entre les langues. Le français aux Nations unies ne doit pas être courtisé comme une belle femme, c’est une des six langues officielles et une des deux langues de travail. Avec la routine, l’anglais s’est imposé dans la ville de Calvin, Rousseau, Voltaire. Je précise que j’adore la langue de Shakespeare mais je pense qu’à Genève, les gens ne doivent pas avoir honte d’écrire et de parler français et c’est à l’Onu de faire respecter l’équilibre des langues.

Je me réjouis d’ailleurs que l’ancien ambassadeur sénégalais, inspecteur du corps commun d’inspection, M. Papa Louis Fall, ait été chargé, par l’Assemblée générale, de préparer un rapport sur ‘la situation du multilinguisme dans les organismes du système des Nations unies’. Pour nous journalistes francophones, c’est souvent compliqué de restituer la substance de l’information même si nous comprenons parfaitement l’anglais. Comment faire, par exemple, en radio si vous n’entendez pas la voix de l’expert qui répond, mais tout le temps celle du journaliste qui traduit ? C’est une obligation pour le système des Nations unies, de pouvoir s’adresser aux peuples dans leurs langues. Il y va de sa crédibilité et d’une bonne compréhension de son message.

Parlez-nous de votre métier de journaliste, des rapports avec vos collègues et des thèmes qui vous préoccupent ?

Depuis plus d’une dizaine d’années, sans ou avec peu de moyens, j’essaie sans relâche de véhiculer des informations sur l’Onu qui peuvent avoir un impact pour nos pays africains. Les informations que nous recevons par ailleurs des grandes agences sont destinées d’abord aux lecteurs occidentaux. Et l’angle de traitement ne trompe guère. Il est donc important qu’une voix africaine soit audible. Si vous parlez des droits de l’homme, du commerce, il est important que l’Afrique ne soit pas ignorée, car ces sujets sont au cœur des préoccupations de notre continent. En tant que journalistes, nous jouissons d’une grande liberté. N’étant pas fonctionnaires de l’Onu, nous constituons une corporation qui donne du dynamisme en interne au système onusien. Les briefings de presse sont véritablement caractéristiques, car ils offrent, par la diversité des collègues, des questions et débats intéressants qui brisent parfois la monotonie et le discours convenu ambiant.

L’Onu nous dit beaucoup de choses, mais nous ne voyons pas toujours sur le terrain la matérialisation des discours. Notre rôle est finalement de noter les bonnes intentions des Nations unies et surveiller leur accomplissement. La présence de journalistes des pays du Sud renforce le caractère universel de l’Onu. Si nous parvenons à crédibiliser l’interaction entre le discours et les actes, tout le monde y gagnera en crédibilité et en visibilité.

Quel a été votre parcours avant d’en arriver là ?

Je suis arrivé à Genève, tout d’abord pour terminer mes études en 1999. Pour le passage du siècle en 2000, Genève avait invité un artiste planétaire, Youssou Ndour, au sujet duquel j’ai fait un reportage. Les articles sont publiés par ‘Sud, Quotidien’, dont je deviens le correspondant permanent. J’ai rejoint le quotidien national, Le Soleil, l’Agence de presse, Le Matin du Sénégal, et la radio anglaise, Bbc Afrique. Actuellement, je travaille pour le quotidien Wal Fadjri. Je suis le premier journaliste sénégalais, correspondant de presse aux Nations unies. J’anime enfin, depuis six ans un séminaire, ‘l’Image de l’Afrique dans la presse en Occident - le cas de la Suisse’ au Centre romand de formation des journalistes suisses (Crfj), à Lausanne.

Par vos paroles et vos actions, vous vous êtes révolté à plusieurs reprises contre le racisme ambiant. Comment le percevez-vous dans les organisations internationales (OI), et plus généralement, à Genève et en Suisse ?

Il est difficile de parler de racisme au sein des Nations unies qui sont les garants des valeurs universelles. Un fonctionnaire de l’Onu ne peut pas être raciste ou alors, cela constitue une forfaiture. A Genève, j’ai été victime d’actes racistes de la part notamment d’un membre des forces de l’ordre lors du G8. Je dois, cependant, souligner que j’ai pu en débattre avec Mme Micheline Spoerri, à l’époque en charge du département Justice et police de Genève, et le haut commandement, en compagnie de Jean François Mabut, journaliste à la Tribune de Genève. J’ai, par la suite, participé au groupe de réflexion et d’action contre le racisme créé au sein de la police. J’y étais le seul Africain. Je vais peut-être enfoncer des portes ouvertes, mais je répète qu’il faut continuer à se battre avec véhémence contre l’absurdité du racisme dans un monde interdépendant et profondément multiculturel.

La Genève internationale est-elle un rêve ou une réalité pour vous ?

Je pense que la bureaucratie est présente. Il est essentiel que les grands directeurs des institutions sortent de leurs bureaux. Il faut que les populations suisses et genevoises, qui accueillent l’Onu sur leur sol, intègrent cette communauté. Des actions comme les portes ouvertes, la découverte du patrimoine commun, sont incontournables et tout le monde est gagnant. J’en profite pour mentionner que votre magazine UN Special, qui s’ouvre à l’extérieur, met en place la bonne approche. Il existe déjà des activités communes entre missions, organisations et populations, des contacts se créent, des passerelles se bâtissent. Essayons, peut-être ensemble, de demander aux autorités genevoises et onusiennes de multiplier les actes d’ouverture en ce sens.

Sur votre carte de visite, je peux lire : ‘L’Afrique est son berceau, le monde est son lit ’. Qui est l’auteur de cette phrase ?

C’est de moi. Nous avons créé un site panafricain à partir des Nations unies : ‘continent premier’ (www.continentpremier.com). (…). A travers ce magazine, nous voulons parler de l’Afrique mais nous n’avons pas des œillères. Pour nous, la solidarité des peuples n’est pas un vain mot. Toute l’humanité a le même destin, malgré nos différences. Si, par exemple, une dégradation de l’environnement ou une crise politique se produit quelque part, le monde entier en souffrira.

Justement, les pays du Sud ne paient-ils pas la facture des pays du Nord en matière environnementale, par exemple ?

Le système capitaliste et mondialiste a pour effet de faire disparaître les ressources de notre planète, tout le monde en pâtit et surtout les plus pauvres. Kofi Annan avait préconisé l’idée du ‘pollueur payeur’ avec son Ong. Les responsables des dégâts doivent assumer pleinement cette responsabilité. Il existe une conscience internationale du respect de la biodiversité et de la gestion des ressources locales. Importer des viandes de l’Europe pour faire vivre des populations, hormis en cas d’urgence, est une absurdité. La production locale est plus saine. Elle préserve l’environnement, crée un tissu économique et permet enfin aux populations de rester sur place au lieu de chercher un hypothétique eldorado ailleurs.

Propos recueillis par Christian DAVID (Source UN Spécial- Numéro- 709- Septembre 2011 http://www.unspecial.org/UNS709/t23.html)