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New York - Contrairement à l'opinion reçue, de nombreux Américains juifs et musulmans entretiennent des relations chaleureuses. Comment cela, pourquoi ? Nous commençons seulement à le comprendre. Une étude Gallup publiée la semaine dernière va plus loin pour l'expliquer: elle montre que ces deux communautés si différentes ont davantage en commun qu'on ne le croit en général.


Cette étude, intitulée "Les Américains musulmans: foi, liberté et avenir", révèle que, pour une majorité écrasante d'Américains juifs — 80 % précisément — les Américains musulmans sont loyaux envers leur pays. Les musulmans exceptés, aucune autre communauté religieuse ne manifeste autant de confiance dans la loyauté des citoyens américains de religion musulmane.

Mais il y a mieux. Il semble que les Américains juifs et musulmans partagent certaines opinions politiques, y compris sur des questions aussi litigieuses que le conflit du Proche-Orient. Selon la même étude, 81 % des Américains musulmans et 78 % des Américains juifs sont pour la solution à deux Etats, qui permettrait à Israël et à un futur Etat palestinien indépendant de vivre côte à côte. Si le dialogue au sujet du conflit du Proche-Orient reste objet de disputes, la perspective d'une solution à long terme apparaît étonnement semblable.

Comment cela se fait-il? Pourquoi ces deux communautés dont on dit si souvent qu'elles s'entre-déchirent, pourraient-elles non seulement se faire confiance mais aussi partager le même point de vue sur les sujets les plus controversés?

Voici une explication possible: l'expérience partagée du déracinement. Les immigrants juifs qui sont arrivés en vagues successives, mais aussi en grand nombre à la fin du 19e siècle, se sont souvent tournés vers l'éducation pour se faire une place en Amérique et pour apporter leur contribution à leur nouvelle patrie. Il semble aujourd'hui que les musulmans suivraient le même principe. Un rapport Gallup publié en 2009, “Muslim Americans: A National Portrait”, constate que 40 % de musulmans interrogés ont obtenu un diplôme pré-universitaire ou plus, faisant ainsi des musulmans, après les juifs, le groupe confessionnel le plus susceptible d'obtenir un diplôme de ce niveau. Serait-ce que cet islam d'Amérique se définirait dans l'identité nationale en sorte de contribuer à la société américaine contemporaine comme le firent leurs homologues juifs il y a un siècle?

Les juifs et les musulmans d'Amérique sont peut-être des communautés très instruites, mais cela ne les empêche pas de craindre l'opinion que les autres peuvent avoir de leurs traditions. Selon le rapport publié la semaine dernière, plus que les fidèles de toute autre tradition, les Américains juifs et musulmans auraient tendance à dissimuler leur identité religieuse. C'est la conscience de ce phénomène, peut-être, qui a provoqué un sentiment d'empathie, pourrait-on dire, chez de nombreux juifs et musulmans.

Tandis que 60 % des Américains musulmans du sondage Gallup affirment subir une discrimination de la plupart des Américains, étonnamment, 66 % des juifs estiment que la plupart des Américains ont des préjugés contre les musulmans. On voit ainsi que les juifs américains sont plus conscients des préjugés anti-musulmans que toute autre communauté confessionnelle.

La crainte, et d'autres réactions négatives aux préjugés, viennent sans doute renforcer le désir des juifs et des musulmans d'atteindre un niveau élevé de formation et de se faire une place dans la société américaine. Mais ce processus peut aussi créer un sentiment de stress chez les membres des deux communautés. Selon le rapport Gallup de 2009, 39 % des musulmans et 36 % des juifs disent être très “soucieux”. Ce souci peut correspondre à leur crainte de se voir discriminés et à leur désir de dissimuler leur identité religieuse. Chez les deux communautés, il est fort possible que la manifestation publique d'une identité religieuse et la pression qui les pousse à vouloir réussir dans une société nouvelle soient une source de tension, hypothèse qui doit encore être approfondie.

En bref, juifs et musulmans partagent une expérience en profondeur des Etats-Unis. En tant que petite minorité religieuse (inférieure à 2 % de la population totale, et beaucoup moins sans doute s'agissant des musulmans), ils éprouvent en permanence un sentiment de marginalisation. Pourtant, leur riposte devant l'adversité consiste à apporter une contribution à la société grâce à un investissement considérable dans la formation personnelle, ce qui, à son tour, leur ouvre de nouvelles opportunités.

L'immigration juive en Amérique a atteint son apogée il y plus d'un siècle, l'immigration musulmane étant relativement récente. Mais les deux communautés partagent le même désir, non seulement de faire de l'Amérique leur patrie, mais aussi d'atteindre un statut important dans leur pays d'élection. Il serait fort souhaitable que les deux communautés reconnaissent le parallélisme remarquable de leur parcours d'immigrants, comme le feraient les Américains d'autres communautés religieuses. Les perspectives de collaboration sont claires. Le lourd passé conflictuel a été substantiellement démythifié.

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* Joshua M. Z. Stanton est co-fondateur du Journal of Inter-Religious Dialogue (www.irdialogue.org) et de Religious Freedom USA (www.religiousfreedomusa.org). Il est aussi attaché de recherche en études rabbiniques au Hebrew Union College. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 12 août 2011, www.commongroundnews.org