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Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, directeur de publication

Avec cette crise alimentaire, le ventre creux de nos enfants aux yeux de chiens larmoyants et perdus, à la bouche sèche et baveuse, les épaules maigres de nos mères, le regard hagard de nos pères seront sur tous les écrans. Arrêt sur image pour remplacer, le temps d’une pause, la misère des sans papiers, transformés en parias à Paris, terre de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, et ailleurs. Des stars qui voyagent en jet privé, obole à la main ornée de diamant et d’or, vont bientôt se succéder pour quémander l’aumône.

La pitance quotidienne pour nous les pauvres, les damnés de la terre. Et nous diront : Merci. Et pourtant, ce ne sont que les miettes poussiéreuses de nos richesses qui nous reviendront après que certains de nos hommes politiques et certaines autres organisations se seront servis avec leur 10%. Je voudrais soutenir que si la raison occidentale domine, la raison nègre devrait nous amener, plus que jamais, à repousser ce cri-nègre, comme disait Césaire. Mais ce sera une volonté intellectuelle doublée d’une volonté militante. L’or africain, nous servira de planche pour démontrer la nécessité de compter sur nous-mêmes .

France-Afrique

Les relations France-Afrique ont été marquées par une continuité assez étonnante depuis de Gaulle qui avait bien compris qu’il fallait miser sur les ressources africaines pour consolider la puissance française, notamment, pour en tirer une source de revenus. Dans « L’Or africain, Pillages, trafics & commerce international», paru aux Editions Agone en Octobre 2007, mon confrère, Gilles Labarthe*, évoque pourquoi le général de Gaulle est allé plusieurs fois en Afrique pendant les années 1941, 1942 et 1943. En effet, c’était utile pour lui pour renflouer ses caisses et pour financer les forces françaises libres. Par la suite, beaucoup d’hommes politiques français ont profité des ressources minières africaines, que ce soit du pétrole, de l’or et autres types de minerais. Aujourd’hui, c’est l’activité très peu documentée des multinationales qui opèrent en Afrique qui a remplacé le jeu macabre des hommes politiques.

C’est la base de la tradition gaulliste française qui sous tend les relations entre la France et le Continent africain. On attendait « la rupture » promise. Mais cela ne devrait pas trop changer, croient certains observateurs. En effet, la France semble représenter l’idée d’un pays qui a été toujours aux côtés des Africains et qui se bat avec eux sur le plan international. Chirac, par exemple, semblait avoir un rapport personnel avec l’Afrique comme il l’affirmait lors du dernier sommet France-Afrique à Cannes: « j’aime l’Afrique ». Il y a passé, c’est vrai, un certain temps : en Algérie !.

Le socialiste Lionel Jospin avait sa touche avec une tentative d’incorporer le ministère de la coopération au ministère des affaires étrangères. « Une espèce de banalisation.» Mais ce qui est en train de se passer montre que le débat change aussi. La question, explique Mamadou Diouf de Columbia University, « c’est, aujourd’hui, qu’attendent les Africains ? Parce que la politique française n’est pas nécessairement une politique philanthropique». Elle répond à des exigences propres à la présence française dans le monde. La relation France-Afrique n’est pas que de l’amour et de l’amitié. C’est aussi des intérêts. Aux Africains de définir leurs intérêts de manière beaucoup plus précises.

La force des multinationales

Les gouvernements africains n’ont aucune prise sur l’activité des multinationales, ce qui fait que l’argent de l’or ne sert pas beaucoup aux pays africains producteurs (Ouganda, Ghana, Mali etc). Quel gâchis ! Récemment à Accra, lors de la conférence de la CNUCED, le Ghana a dénoncé la magouille des multinationales, et a souhaité réviser les accords d’exploitation de ses mines.

Réfléchir sur les moyens qui permettront à l’Afrique de profiter de ses ressources, c’est poser la question de son indépendance au plan politique, économique, culturel et social.

Quand on fait le calcul, on se rend compte que l’Afrique représente aujourd’hui le quart de la production mondiale de l’or. Sur une production annuelle de 2.500 tonnes, 600 proviennent d’Afrique. Cela va aller en s’accentuant dans les années à venir. On a identifié que plus de 40% des réserves minières aurifères se trouvaient sur le Continent noir. On se rend compte aussi qu’il y a un intérêt plus marqué des multinationales et des pays comme les Etats-Unis, notamment pour le pétrole africain. On en parle beaucoup mais on parle moins de l’or qui est extrêmement important car il fait partie des cinq premières matières minérales sur le marché mondial. L’or est équivalent au marché du diamant. Cela pèse extrêmement lourd ! C’est plus de 65 milliards de dollars par an.

Le cours de l’or est monté en flèche depuis le 11 septembre 2001, pour atteindre des sommets avec 1,000 dollars l’once. C’est un cours record que l’on n’avait pas vu depuis les années 80. On avoisine avec une moyenne de 740 dollars l'once, quelque 16,000 euros le kilo. Comme toujours en période de crise et après ces moments de troubles, l’investissement dans l’or est massif car le métal jaune est une valeur refuge depuis des millénaires.

L’investissement qui est fait dans le secteur minier aurifère africain est un investissement extrêmement rentable. Par ailleurs, l’Afrique de l’Ouest est la région du monde où l’on peut obtenir l’or en surface et en quantité, avec une main d’œuvre bon marché. Des multinationales comme Anglo-Gold, présente aujourd’hui au Mali, le dit très clairement : de ses 23 mines à travers le monde, elle tire le plus gros bénéfice à Morilla, au sud du Mali.

C’est sur la pression de la Banque Mondiale que s’est faite, depuis les années 90, la réforme des Codes miniers. La part des états producteurs est passée de 50 à 60 pour cent à moins de 20 pour cent aujourd’hui. Une part qui a été minorée à l’extrême. De plus, la Banque Mondiale a beaucoup fait pour dégraisser les fonctions publiques des pays africains. Les administrations africaines ont, ainsi, très peu de moyens humains et financiers pour leur permettre un vrai contrôle sur les productions réelles. Peu de poids face à des multinationales avec des chiffres d’affaires, comme Anglo-Gold, de 34 milliards de dollars par an, soit plus que la plupart des budgets des Etats africains.

A plusieurs reprises, le gouvernement malien a dû, nous renseigne Gilles Labarthe, faire pression pour que ces multinationales payent leurs royalties aux dates fixées par les contrats, mais on se rend compte qu’il y a des retards à répétition. Ce qui crée des trous dans le budget de ces Etats qui doivent satisfaire le panier de la ménagère!

Un scandale écologique.

Par ailleurs, l’exploitation de l’or à ciel ouvert est un scandale écologique, qui constituera une ardoise faramineuse pour les Etats qui devront dépolluer.

En 2005, le lobby minier a exercé une forte pression sur le Congrès américain pour que les multinationales n’aient pas à payer le prix de la dépollution des sites. En même temps, une étude fédérale américaine montrait que l’exploitation des mines d’or à ciel ouvert traitée au cyanure est la plus polluante au monde. Ce type d’exploitation générerait des coûts de dépollution de l’ordre de 55 milliards de dollars sur toute la surface de la planète. Et comme l’Afrique produit le quart de l’or mondial, il lui en coûterait donc de 15 à 16 milliards pour tous ses sites aurifères, ce qui grèverait encore le maigre budget de ses Etats si un jour ils devaient payer eux-mêmes le prix de la dépollution dont les multinationales cherchent à se dégager.

Il y a donc une fuite des entreprises face à leur responsabilité citoyenne. Certaines multinationales, ont pourtant signé le Pacte Global des Nations-Unies.

La responsabilité de l’ONU et des pays occidentaux est engagée.

On voit que le Mali, depuis une dizaine d’années c’est à dire depuis que son sous sol est exploité à l’échelle industrielle pour ses réserves d’or, est tombé dans le classement des Nations Unies au niveau de l’indice de développement humain parmi les trois pays les plus pauvres du monde. Manifestement, on assiste à un appauvrissement de la population en général même s’il y a une création de richesses. Mais on ne sait pas où ces richesses et ces revenus vont !

On constate que la majorité des immigrés en France par exemple sont des Maliens qui viennent de ces régions au sous-sol riche en or.

« Je pense à la région de Bambouck qui est connue depuis au moins le 13ème siècle pour être très riche en or», déclare Gilles Labarthe. En effet, on a des populations entières qui quittent pour des raisons économiques leur pays pour la France. Ce sont ces Maliens sans papiers qui envoient de l’argent à leurs familles restées au pays. Ainsi ce sont des centaines de millions d’euros qui sont envoyés à des familles qui vivent dans des régions au sous-sol riche alors qu’elles sont extrêmement pauvres.

Le problème est de percevoir ce que représente l’activité minière aurifère en Afrique. On a dans un premier temps des entreprises minières qui, pour ouvrir des sites, ont besoin de gros investissements et vont chercher des prêts à l’étranger. Ces entreprises se font financer en majeure partie par de grandes banques transnationales. Parmi ces dernières figurent des banques suisses, canadiennes, anglaises, françaises. La Banque Mondiale apporte aussi très souvent un appui financier considérable sous forme de prêt. Un des cas les plus récents était un prêt de 125 millions de dollars pour une multinationale qui opère au Ghana. Ce sont là des sommes très importantes. La question est de savoir si ces institutions financières et ces grands établissements bancaires peuvent faire quelque chose pour veiller davantage aux répercussions sociales et environnementales de l’exploitation minière aurifère.

Ne faudrait-il pas un Kimberley pour l’or africain ?

L’or, marché sans foi ni lois, est équivalent au marché du diamant qui a été réglementé par le « processus de Kimberley », système de certification pour le commerce international des diamants bruts, adopté en 2003 par l’UE.

Si, dans leur cahier des charges et dans l’image qu’elles veulent développer, ces institutions étaient beaucoup plus sensibles à l’avenir dans ce genre de problèmes, cela éviterait des confusions tendant à dire que ces grandes banques financent directement des entreprises non respectueuses de l’environnement et des populations locales.

C’est toute cette chaîne d’intermédiaires et de responsabilités qui reste à définir. C’est d’autant plus important que le Conseil de sécurité des Nations Unies a aussi identifié depuis plusieurs années que le problème de l’exploitation de l’or en Ouganda et en RDC, est qu’on a les mêmes acteurs (multinationales, institutions de raffinage, suisses notamment, qui sont les premiers clients de l’or qui est illégalement extrait de la RDC). « On sait que les revenus de l’or servent à financer l’achat d’armements ou des mouvements armés. Ce sont des informations que l’on retrouve depuis six ans dans les rapports des Nations Unies avec les noms des entreprises concernées», constate l’auteur de l’Or africain.

Là aussi, l’ONU cherche à trouver une meilleure traçabilité des circuits financiers liés à l’exploitation de l’or et ensuite assurer que ce contrôle de l’origine soit mieux garanti pour éviter que cela engendre des situations de conflits armés comme dans l’est de la RDC.

Cette raison qui tue sans nécessité.

Il s’agira dans l’avenir d’éviter des situations de pollution à une échelle qui représente pour un seul site minier en Afrique de l’Ouest plusieurs centaines de milliers d’euros à verser pour dépolluer tout le site.

La facture est très lourde et c’est une préoccupation d’énormément d’ONGs internationales. Le travail de Gilles Labarthe relaie leur mouvement suite au rapport de Human Rights Watch paru en 2005 sur le fléau de l’or et qui parlait du financement des mouvements armés en RDC. Il y a aussi des campagnes comme No Dirty Gold qui cherche à sensibiliser la population sur le fait que, pour obtenir une seule bague en or, il faudrait vingt (20) tonnes de minerai qui doivent être traitées au cyanure. Pour obtenir un lingot d’un kilo, il faudrait traiter 300 tonnes de minerai au cyanure. L’importance de ce type de campagne c’est d’attirer l’attention sur les critères environnementaux et sociaux.

Pour les Africains, c’est un problème de survie, de dignité et de liberté que de pouvoir se nourrir avec ses propres ressources sans être obligé de tendre la main. C’est uniquement l’Africain qu’on peut aujourd’hui convaincre qu’il est pauvre, et qu’il l’accepte! Alors qu’il est assis sur une vraie mine d’or. La ruse de l’Occident est infernale. Une raison qui domine, qui n’a plus d’âme. Une raison qui affame. Et tue sans raison !

RESISTANCE !

  • Gilles Labarthe est journaliste indépendant depuis onze (11) ans. Il collabore principalement avec de nombreux journaux en France et en Suisse romande. Ce livre est, à la base, un projet de François Xavier Verschave, malheureusement frappé par un cancer. Xavier Verschave nous a quitté en juin 2005 mais il a laissé des notes de départ pour ce livre qui a été coédité par Survie, l’Ong Agir Ici, Oxfam etc.). Survie est une association qui milite depuis une quinzaine d’années pour de meilleures relations entre la France et l’Afrique. Elle cherche aussi à mieux connaître la politique africaine de la France et de faire en sorte que l’aide française soit plus cohérente. Et notamment que les ressources minières africaines puissent réellement bénéficier aux pays producteurs.