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 FONDATION ALDIANA
 HUMAN RIGHTS WATCH
 M.Adama DIENG
 M.Hichem El Amrani
 Marocoo 2016
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La mémoire du génocide est la force par laquelle notre passé interagit avec le présent et le futur auquel nous aspirons.

Au Rwanda, la mémoire n’est pas juste l’opposé de son contraire l’oubli. La mémoire est un acte engagé et non pas juste naturel et passif. Elle joue un rôle particulier dans nos efforts de nous connaitre, de nous définir, de nous guérir et avancer vers le futur. La mémoire du génocide est la force par laquelle notre passé interagit avec le présent et le futur auquel nous aspirons. La mémoire du génocide nourrit notre détermination à détecter et combattre tous les ingrédients primaires du processus génocidaire que sont la construction artificielle de catégories et groupes soit disant antagonistes, la non tolérance des différences, l’incitation à la haine et à la violence, la violation impunie des droits de l’autre.

 Depuis le 07 Avril et pour les cent jours à venir, les Rwandais se souviennent du génocide contre les tutsi sous le mot d’ordre de « mémoire et reconstruction ». En effet, nous n’oublierons jamais que génocide rime avec destruction absolue. Outre qu’il a emporté un million de vies innocentes, il a sérieusement endommagé les corps et les âmes des survivants. Il a démantelé les fondements mêmes de la société rwandaise, sa culture et son identité. Il a pris racine dans l’injustice, la discrimination, la haine institutionnalisée et enseignée, l’absence du droit et une culture de l’impunité entretenue de longue date. Le génocide a détruit l’Etat, ses systèmes, ses services et ses infrastructures.

La mémoire du génocide permet la compréhension de ses racines profondes, de ses causes immédiates et de son processus, ainsi que l’analyse profonde de ses effets. Elle est partant la principale source d’enseignement pour la construction d’un Rwanda nouveau. Vingt-quatre ans après le génocide, le peuple Rwandais, sous la haute direction de son Président S.E Mr Paul Kagamé, reste résolument engagé à réparer autant que faire se peut les corps blessés et les âmes meurtries. La réhabilitation progressive des rescapés, au plan de la santé physique et mentale, au plan économique et matériel, constituent l’une des principales priorités du Gouvernement Rwandais Une justice impartiale, le respect des droits de la personne, la fin de l’impunité, la non-tolérance de la corruption font du Rwanda d’aujourd’hui un exemple de construction rapide et soutenue d’un Etat de droit, après des décennies de non droit absolu ayant conduit au génocide contre les tutsis.  

L’enseignement de l’histoire véritable du peuple Rwandais et de la richesse de sa culture , le retour aux valeurs d’humanisme et de bonté qui caractérisaient le Rwanda de nos ancêtres, l’enseignement du vivre ensemble et du respect des différences, alliés a une justice axée vers la vérité et la réconciliation, font progressivement du Rwanda l’antithèse de ce qu’il était en 1994, c.-à-d. une société en voie de guérison rapide, une société harmonieuse ou à nouveau il fait bon vivre, et  bon vivre ensemble.

L’éducation et la santé pour tous, l’égalité des genres en tout et partout, la bonne gouvernance politique et économique, un climat propice aux affaires et à l’investissement, l’accès généralisé aux technologies modernes de l’information et de la communication, la stimulation des talents et de l’innovation pour le développement d’une économie du savoir, sont à la base du progrès économique et social que connait le Rwanda aujourd’hui.     

Il va sans dire que les génocidaires, les planificateurs et exécutants, portent la responsabilité première de leurs crimes et doivent en répondre devant la justice. Le Rwanda requiert encore une fois la bonne fois et la coopération de tous les Etats qui abritent des personnes suspectées du crime de génocide contre les tutsis, soit de les juger, soit de les extrader envers le Rwanda, en vertu du droit international. Le Rwanda demande également à tous les Etats sur qui pèsent de sérieux soupçons de complicité dans le crime de génocide, ceux qui ont fourni leur soutien  politique, financier et militaire au régime génocidaire, de faire leur propre examen, d’ouvrir leurs archives, de déclassifier les documents relatifs à la période de leur coopération avec le gouvernement du Rwanda de 1990 à 1994, pour que la vérité soit établie, et que toutes les conséquences en soient tirées, dans l’intérêt de la vérité historique et de  la justice.  

Il faut souligner encore une fois comment tous les génocides qui jalonnent l’histoire de l’humanité ont en commun d’évoluer en huit étapes qui toutes se terminent par le déni. Les génocidaires et leurs complices, dans la continuité de leur logique reniant à l’humanité de leurs victimes, nient le crime parce que précisément il n’y a point de crime du moment que les victimes sont à leurs yeux des moins qu’humains. Les génocidaires et leurs alliés, en vue de se soustraire au cri assourdissant de leurs victimes venant d’outre-tombe, en vue d’échapper à la justice d’aujourd’hui et au jugement futur par l’histoire, en vue d’apaiser leur conscience, font de la négation du génocide leur refuge. La négation a donc des motivations tellement profondes et ses auteurs sont tellement radicalisés et déterminés, que lorsqu’elle obtient droit de cité sous prétexte de liberté d’opinion est accepté, la porte est largement ouverte vers un nouveau cycle génocidaire. Combattre et prévenir le génocide passent donc nécessairement par la pénalisation de sa négation. Au Rwanda, la pénalisation de tous les ingrédients connus du génocide que sont la ségrégation et la discrimination, l’incitation à la haine et à la violence, la propagation de l’idéologise du génocide et la négation du génocide, constituent un pilier fondamental du dispositif légal axé vers la prévention et l’éradication du génocide. Un enseignement sans relâche des causes et conséquences du génocide sont la base de la cohabitation pacifique, de la tolérance et du respect des droits des uns par les autres qui font partie intégrante de la culture du Rwanda d’après-génocide.

Le Rwanda remercie sincèrement et loue l’action de tous les Etats qui ont adopté des lois pénalisant la négation du génocide contre les tutsis, et lance à nouveau un appel à tous ceux qui ne l’ont pas encore fait de le faire d’urgence, pour faire face à la menace croissante des négationnistes, apôtres de la continuation du plan génocidaire.

La meilleure réparation que nous puissions offrir aux victimes du génocide, c’est d’agir ensemble pour assurer la paix et la sécurité pour tous, pour promouvoir et protéger les droits humains, et pour assurer un développement économique et social, durable et inclusif.

Que l’alliance des civilisations bannisse le génocide à tout jamais. Plus jamais ça. Never Again. 

NB: * Ce texte est extrait d'u discours émouvant en anglais et en français prononcé aux Nations-Unies par l'Ambassadeur Dr. François Xavier Ngarambe à l'occasion de la Journée dédiée au souvenir du génocide des Tutsis du Rwanda.